Présentation de l'ouvrage

L'image de l'Iran à la télévision française

 

L'ombre de Khomeiny poursuit
ses opposants en exil

 

Je dus quitter l’Iran, mon pays, sans autre choix que la fuite pour ne pas me soumettre au sinistre pouvoir des ayatollahs sur le peuple iranien.

Le jour vint, où, habillé à la mode Baloutche, le peuple de la région, je traversai clandestinement à pied, au coucher du soleil, la frontière irano-pakistanaise et lançai un dernier regard derrière moi pour dire au revoir à ma patrie.

Ma famille n’avait pas prospéré sous le régime du shah : mon père, simple fonctionnaire, menait une vie modeste loin de la capitale. Dès le lycée, je me suis exprimé grâce au théâtre que j’ai pratiqué plus tard sur des scènes professionnelles. J’ai ensuite exercé le métier passionnant de rédacteur-photographe dans un journal quotidien de Téhéran, durant trois ans, après la victoire de la révolution en Iran (fin 1981). Pendant cette période, tous ceux qui se sont élevés contre l'idéologie des ayatollahs ont été anéantis.

Je quittai mon pays comme des milliers de mes compatriotes…

J’éprouvais de la souffrance à me séparer de ma patrie, mais je ressentais aussi de la joie à me libérer des hommes de Khomeiny.

Arrivé en France, en 1982, assoiffé de liberté, je découvris que les Français rencontrés faisaient peser l’ombre de Khomeiny sur moi : à leurs yeux, j’étais un musulman intégriste, selon l'image donnée par la télévision française, inspirée par Khomeiny puis généralisée à l'ensemble des Iraniens.

Nous, les réfugiés politiques iraniens en exil, serions des islamistes intégristes, barbares, sans culture ni éducation, des arriérés en somme, pour lesquels la France serait le premier contact avec le monde urbanisé, moderne.

Mes rêves en furent bousculés : ainsi, j’avais fui, avec gravée sur le dos, l'image des ayatollahs iraniens. Parfois encore, lorsque je rencontre des Français de tous milieux, je suis perçu comme un Iranien Khomeyniste.

La douleur de l'exil est terrible pour ceux qui l'ont vécu mais être considéré comme coresponsable d’une tragédie contemporaine est encore plus cruel.

 

La télévision, principale référence des Français concernant les Iraniens, a joué un grand rôle dans la constitution de cette image.

J’ai mené la recherche que je présente ici pour tenter de comprendre comment se fabrique cette information qui produit des représentations aussi trompeuses.